Le patrimoine, une ressource pour l’action sur les territoires

Abstract

Résumé – Dossier d’habilitation à diriger les recherches – Pauline BOSREDONLe premier volume de cette HDR, le mémoire de synthèse, retrace les douze années de recherche écoulées depuis mon recrutement à Lille comme MCF et qui se sont focalisées sur deux objets d’étude principaux : la culture – ses lieux, ses équipements, ses acteurs, ses politiques et leur articulation aux politiques urbaines, en particulier de renouvellement urbain – et la patrimonialisation, comme phénomène culturel et processus social et politique, à travers ses acteurs, ses objets, son articulation avec les politiques urbaines et les politiques culturelles. Ces objets ont été scrutés et questionnés sur un terrain en particulier : les espaces urbains, en particulier dans les villes en prise avec les processus de métropolisation, observés dans les discours et les politiques urbaines et dans leurs effets sur la recomposition des quartiers centraux et péricentraux, mais aussi dans des villes marquées par une grande vulnérabilité liées à leur contexte spécifique (géopolitique en particulier). Ces questions et ces espaces ont été étudiés dans différents contextes culturels, sociaux et géopolitiques : le nord de la France et l’espace transfrontalier franco-belge, le Minas Gerais au Brésil, en particulier Belo Horizonte, et les villes palestiniennes de Cisjordanie, notamment Naplouse, Hébron et Ramallah. Le mémoire de synthèse est complété par un recueil d’articles (second volume).Le troisième volume, qui constitue l’ouvrage inédit, porte sur le patrimoine comme ressource pour l’action sur les territoires. Le premier chapitre traite de la patrimonialisation des héritages industriels dans la métropole lilloise sous l’angle des processus et des acteurs de la production de cette ressource symbolique. Le patrimoine industriel semble constituer à Lille ou à Roubaix une ressource territoriale efficacement mobilisée pour le redéveloppement social et économique de l’agglomération et sa métropolisation par la culture. A travers l’analyse de plusieurs cas d’étude dans la métropole lilloise, nous nous questionnerons sur les acteurs de cette patrimonialisation : par qui la ressource patrimoniale est-elle mobilisée ? Et au profit de qui ?Nous interrogeons ensuite dans le deuxième chapitre la patrimonialisation et plus largement l’appel au patrimoine comme ressource politique, c’est-à-dire une ressource pour l’action collective, la participation citoyenne, le droit à la ville. Nous livrons d’abord des réflexions menées sur le terrain brésilien, dans la métropole de Belo Horizonte où nous avons suivi plusieurs mouvements sociaux et mobilisations citoyennes développant des argumentaires patrimoniaux au service de causes sociales plus larges (la sécurisation foncière, la lutte contre les bouleversements induits par l’urbanisme néolibéral, la revendication de l’accès libre et sans entrave à l’espace public...). Nous analysons ensuite le cas des patrimonialisations concurrentes et très politiques menées en Cisjordanie dans le territoire palestinien occupé, leurs acteurs, leurs motivations, leurs effets territoriaux.Le troisième et dernier chapitre constitue un ensemble de pistes de recherche pour les années à venir qui s’intitule « Faire projet dans la ville héritée : le patrimoine, ressource d’une ville durable ». Il s’appuie sur les conclusions des deux chapitres précédents et propose de renouveler l’approche classique du patrimoine dans l’aménagement urbain (le patrimoine saisi par les outils dédiés : identification, protection, mise en valeur) par la notion de ressource qui suggère le potentiel du patrimoine, les possibles qu’il offre à la ville durable, nécessairement sobre, résiliente et inclusive, notamment par le biais de pratiques urbanistiques nouvelles ou alternatives (urbanisme tactique, patrimoine révélé par l’occupation et les nouveaux usages).