Penser le corps social en situation à Rome ...
Document type :
Thèse
Title :
Penser le corps social en situation à Rome et dans le monde romain : perceptions et représentations de l’atteinte physique du Ier siècle avant notre ère au IVe siècle de notre ère
English title :
-
Author(s) :
Husquin, Caroline [Auteur]
Histoire, Archéologie et Littérature des Mondes Anciens - UMR 8164 [HALMA]
Histoire, Archéologie et Littérature des Mondes Anciens - UMR 8164 [HALMA]
Thesis director(s) :
Stéphane Benoist et Véronique Dasen
Defence date :
2016-12-03
Accredited body :
Université de Lille ; Université de Fribourg [Suisse]
Keyword(s) :
Corps
Handicap
Antiquité
Rome
Norme
Handicap
Antiquité
Rome
Norme
English keyword(s) :
-
French abstract :
« Penser le corps social en situation à Rome et dans le monde romain : perceptions et représentations de l’atteinte physique du Ier siècle avant notre ère au IVe siècle de notre ère » est une thématique de recherche qui ...
Show more >« Penser le corps social en situation à Rome et dans le monde romain : perceptions et représentations de l’atteinte physique du Ier siècle avant notre ère au IVe siècle de notre ère » est une thématique de recherche qui s’inscrit pleinement dans un champ historiographique développé outre-Atlantique, mais également en France, depuis les années 1970-1980 : celui des disability studies (selon les propos tenus par F. Collard dans son avant-propos de l’ouvrage Handicaps et sociétés dans l'histoire : L'estropié, l'aveugle et le paralytique de l'Antiquité aux temps modernes, F. Collard [dir.], l'Harmattan, Paris, 2010, p. 5-8.), qui ont surtout regardé vers l’époque contemporaine sans pour autant négliger les périodes antérieures. Le but d’un tel projet est de rassembler et d’interpréter les vestiges du passé, qui permettent d’ouvrir des perspectives plus larges sur la compréhension des sociétés anciennes, en vue de cerner à la fois les aspects physiques du handicap et ses perceptions sociales et culturelles. Si la présence du handicap dans l’histoire peut sembler un invariant, il n’en est pas de même de sa perception. Si l’on se penche sur le corpus de sources qui permettent d’aborder une telle question, on remarque très vite qu’en dehors des restes osseux, que seul le regard d’un spécialiste de paléopathologie peut faire parler, l’historien est confronté à une subjectivité qu’il doit prendre en compte pour traiter un tel sujet. Et c’est là, pour une fois, tout leur intérêt car c’est bien d’elle qu’il s’agit : saisir cette subjectivité permet de rendre la perception du handicap et des êtres qui en sont atteints au sein d’une société donnée. Le regard de l’autre est l’élément qui conditionne l’existence d’un individu à Rome, sa capacité à être pleinement un homme, notamment pour un citoyen romain, de sa naissance à sa mort. Dès lors, la répugnance de la société romaine pour les atteintes au corps, et donc la perception de ceux qui en sont victimes, semblent être la condition de l’inclusion ou de l’exclusion des citoyens dans le corps social. Cette importance de la perception et du regard de l’autre dans la définition d’un corps social apte à exercer pleinement ses fonctions est, d’ailleurs, bien visible à différentes échelles ; par exemple, en considérant la place fondamentale dans la vie publique qui est accordée à l’éloquence et à la rhétorique. Si l’on se réfère à de grandes figures telles que Cicéron, Fronton ou Quintilien, la gestuelle, la voix et la capacité à en user constituent des éléments tout à fait primordiaux de l’exercice du « métier de citoyen » à Rome tel qu’il a été défini par Claude Nicolet (Le métier de citoyen dans la Rome républicaine, Gallimard, Paris, 1976). Ceci n’est pas sans incidences, car « l’œil du spectateur » n’est pas, à Rome et dans les cités de l’Empire, un simple vecteur de préjugés mais peut donner lieu à des définitions juridiques comme celle du « monstre », avec des répercussions politiques, sociales et religieuses. Le but de notre thèse est de montrer comment ce projet, à partir d’un large dépouillement des sources littéraires et de la documentation archéologique, épigraphique, juridique…, associe à la fois approche historique et démarche anthropologique afin d’étudier les perceptions et représentations des êtres infirmes à Rome et les évolutions de celles-ci ; le but étant à terme de pouvoir dépeindre comment furent considérées et assistées les personnes physiquement atteintes, à Rome et dans le monde romain, au travers de problématiques qui, pour certaines, sont toujours d’une saisissante actualité dans nos sociétés contemporaines.Show less >
Show more >« Penser le corps social en situation à Rome et dans le monde romain : perceptions et représentations de l’atteinte physique du Ier siècle avant notre ère au IVe siècle de notre ère » est une thématique de recherche qui s’inscrit pleinement dans un champ historiographique développé outre-Atlantique, mais également en France, depuis les années 1970-1980 : celui des disability studies (selon les propos tenus par F. Collard dans son avant-propos de l’ouvrage Handicaps et sociétés dans l'histoire : L'estropié, l'aveugle et le paralytique de l'Antiquité aux temps modernes, F. Collard [dir.], l'Harmattan, Paris, 2010, p. 5-8.), qui ont surtout regardé vers l’époque contemporaine sans pour autant négliger les périodes antérieures. Le but d’un tel projet est de rassembler et d’interpréter les vestiges du passé, qui permettent d’ouvrir des perspectives plus larges sur la compréhension des sociétés anciennes, en vue de cerner à la fois les aspects physiques du handicap et ses perceptions sociales et culturelles. Si la présence du handicap dans l’histoire peut sembler un invariant, il n’en est pas de même de sa perception. Si l’on se penche sur le corpus de sources qui permettent d’aborder une telle question, on remarque très vite qu’en dehors des restes osseux, que seul le regard d’un spécialiste de paléopathologie peut faire parler, l’historien est confronté à une subjectivité qu’il doit prendre en compte pour traiter un tel sujet. Et c’est là, pour une fois, tout leur intérêt car c’est bien d’elle qu’il s’agit : saisir cette subjectivité permet de rendre la perception du handicap et des êtres qui en sont atteints au sein d’une société donnée. Le regard de l’autre est l’élément qui conditionne l’existence d’un individu à Rome, sa capacité à être pleinement un homme, notamment pour un citoyen romain, de sa naissance à sa mort. Dès lors, la répugnance de la société romaine pour les atteintes au corps, et donc la perception de ceux qui en sont victimes, semblent être la condition de l’inclusion ou de l’exclusion des citoyens dans le corps social. Cette importance de la perception et du regard de l’autre dans la définition d’un corps social apte à exercer pleinement ses fonctions est, d’ailleurs, bien visible à différentes échelles ; par exemple, en considérant la place fondamentale dans la vie publique qui est accordée à l’éloquence et à la rhétorique. Si l’on se réfère à de grandes figures telles que Cicéron, Fronton ou Quintilien, la gestuelle, la voix et la capacité à en user constituent des éléments tout à fait primordiaux de l’exercice du « métier de citoyen » à Rome tel qu’il a été défini par Claude Nicolet (Le métier de citoyen dans la Rome républicaine, Gallimard, Paris, 1976). Ceci n’est pas sans incidences, car « l’œil du spectateur » n’est pas, à Rome et dans les cités de l’Empire, un simple vecteur de préjugés mais peut donner lieu à des définitions juridiques comme celle du « monstre », avec des répercussions politiques, sociales et religieuses. Le but de notre thèse est de montrer comment ce projet, à partir d’un large dépouillement des sources littéraires et de la documentation archéologique, épigraphique, juridique…, associe à la fois approche historique et démarche anthropologique afin d’étudier les perceptions et représentations des êtres infirmes à Rome et les évolutions de celles-ci ; le but étant à terme de pouvoir dépeindre comment furent considérées et assistées les personnes physiquement atteintes, à Rome et dans le monde romain, au travers de problématiques qui, pour certaines, sont toujours d’une saisissante actualité dans nos sociétés contemporaines.Show less >
English abstract : [en]
Language :
Français
Source :