Neuropsychologie de la sclérose en plaques : de l’identification des troubles cognitifs et socio-affectifs à leur remédiation

Abstract

Ce mémoire présente une synthèse des travaux de recherche consacrés à l’analyse de troubles neuropsychologiques (cognitifs et socio-émotionnels) de patients atteints de la sclérose en plaques (SEP). Ces travaux visent : d’abord, à comprendre les corrélats neurophysiologiques qui pourraient sous-tendre de tels troubles, notamment dans l’hypothèse d’un déficit des capacités de communication inter-hémisphérique ; puis, à développer des stratégies suceptibles de remédier à ces mêmes troubles. A titre d’illustration, dans une étude associant des données EEG à des données cognitives (Lenne et al., 2014), la communication corticale a été quantifiée chez des sujets témoins et des patients atteints de SEP récurrente-rémittente (SEP-RR), sur la base de la cohérence moyenne dans les bandes δ, θ, α, β et γ ; cette quantification utilisait l'information mutuelle calculée entre paires de signaux EEG, enregistrés en condition de repos, à partir d’électrodes symétriquement disposées sur les deux hémisphères. Ces données électrophysiologiques ont été associées à des évaluations cognitives. L’étude a permis de constater une diminution des indicateurs d'information mutuelle interhémisphérique et de l'hémisphère droit chez les patients atteints de SEP comparativement aux sujets témoins ; ce résultat a permis de différencier les patients cognitivement déficients de ceux n’ayant pas manifesté de déficience ; de plus, l’intensité de la communication inter-hémisphérique diminuait significativement avec la durée de la maladie. Lors de cette étude, nous avons pu montrer la pertinence de l’analyse non-linéaire de l’EEG comme marqueur potentiel des dommages neurologiques, notamment au niveau du corps calleux. Dans une autre étude (Lenne et al., 2014), portant sur les capacités de reconnaissance d’expressions faciales émotionnelles (EFE) auprès de patients atteints de SEP-RR, nous avons pu objectiver un déficit global des capacités de reconnaissance des EFE, en particulier pour la colère, de la tristesse et de la peur. Ce déficit était indépendant du handicap mais corrélé à la dépression et partiellement à la détérioration cognitive. Enfin, à travers une étude clinique observationnelle (Donzé et al., 2016), menée chez le même type de patients SEP, nous nous sommes intéressés à la perception du rôle des aidants du point de vue de l'aidant, du patient et des neurologues. Cette étude a conduit à objectiver, d’une part, l’importance du soutien moral et la lutte contre la maladie en soulignant le rôle central du soignant et, d’autre part, les nombreux besoins non satisfaits en ce qui concerne la perception du rôle des aidants des personnes atteintes de SEP. L’ensemble des travaux, fondamentaux et cliniques, faisant l’objet de cette synthèse vise donc à mieux comprendre la sémiologie cognitive et socio-émotionnelle des patients atteints de SEP, afin de proposer des stratégies adaptées de remédiation, limitant leur impact et améliorant la qualité de vie des patients.