Les enseignants en EPS. Premiers enseignements d’une enquête sociologique

Abstract

La représentation dominante que les professeurs d’éducation physique et sportive se font du « collectif » qu’ils forment peut être condensée en une formule : « des enseignants à part entière, mais entièrement à part » (Gougeon, 1994). S’y expriment pêle-mêle un profond désir d’intégration à l’institution scolaire (Arnaud, 1983), le souci de l’affirmation de certains des attributs constitutifs de leur identité et de leurs ressources différentielles (Clément, 1993), et, ceci expliquant sans doute en partie cela, un sentiment très ancré d’appartenir à une discipline « mal-aimée », constamment menacée de détournement au profit de forces intrusives (militaires, médicales, sportives, économiques, etc.) et qui ne devrait en définitive sa survie qu’à un travail constant de mobilisation de ses représentants (Parlebas, 1971) . Même en laissant de côté ses accents parfois un brin misérabilistes voire paranoïdes (Liotard, 1997 ; Mierzejewski, 2005), cette lecture défensive fait obstacle à l’analyse. Elle prend implicitement à son compte un postulat d’emblée problématique, à savoir que les enseignants en éducation physique et sportive constitueraient un groupe en soi : c’est-à-dire un ensemble dont les membres seraient dotés de propriétés qui les apparenteraient foncièrement les uns aux autres et les distingueraient tout aussi substantiellement du reste de la population enseignante . Une enquête menée dans l’académie de Lille auprès des enseignants du primaire et du secondaire permet d’opérer un retour sur ce qui est d’ordinaire pris pour acquis, en offrant les moyens statistiques de rapporter un échantillon d’enseignants en éducation physique et sportive à une population témoin constituée d’enseignants de l’ensemble des autres disciplines, et en invitant par-là même à éprouver quelques premières hypothèses sur ce qui les définit socio-logiquement.