Un récit contemporain. À propos d'un roman ...
Type de document :
Article dans une revue scientifique: Article original
URL permanente :
Titre :
Un récit contemporain. À propos d'un roman de témoignage de la répression franquiste.
Auteur(s) :
Titre de la revue :
Vox Poetica
Éditeur :
La Société française de littérature générale et comparée
Date de publication :
2006
Discipline(s) HAL :
Sciences de l'Homme et Société/Histoire
Résumé :
Un récit contemporain. À propos d'un roman de témoignage de la répression franquiste. Vox Poetica, décembre 2006, www.vox-poetica.org\/t\/rl\/michonneauRL.html Stéphane Michonneau Université de Poitiers François Bédarida ...
Lire la suite >Un récit contemporain. À propos d'un roman de témoignage de la répression franquiste. Vox Poetica, décembre 2006, www.vox-poetica.org\/t\/rl\/michonneauRL.html Stéphane Michonneau Université de Poitiers François Bédarida considérait que l'historien était un « régisseur du temps », en tant qu'il participe à l'institution du temps social 1. En effet, la discipline historique trouve sa spécificité dans la considération du temps, généralement compris comme une réalité objective et extérieure à soi. Les faits historiques se présentent alors dans le cadre d'un passé-réceptacle abstrait, homogène et, pour ainsi dire, éternel : un temps sans mouvement 2. Mais en temps de crise, on assiste à une perte des repères temporels : Hannah Arendt parle de « brèche du temps » quand l'articulation du passé, du présent et du futur n'est plus évidente 3. Survient une crise de la représentation du temps comme succession inéluctable d'un passé (mort), d'un présent (actuel) et d'un futur (qui advient). Depuis les années 60, on assiste à une montée en puissance de la contemporanéité : le contemporain se fait de plus en plus impératif, selon François Hartog, et s'accompagne d'un usage de plus en plus important du passé à des fins présentes 4. Le terme juridique d'imprescriptibilité qui fut adopté en 1945 puis en 1964 en France traduit bien cette dissolution des frontières du temps : nous sommes à jamais contemporains des crimes du passé et les criminels sont par conséquent nos contemporains. Pour l'historien, ce bouleversement implique un renversement d'attitude : Michelet, l'historien prophète, annonçait un futur radieux ; l'âge positif mit entre parenthèse le présent pour se consacrer seulement au passé ; Aujourd'hui, le présent est 1 François Bedarida, " La dialectique passé\/présent et la pratique historienne " , L'histoire et le métier d'historien en France, 1945-1995, Paris, ed. Maison des Sciences de l'Homme, 1995, pp. 75-85. 2 Siefried Kracauer, L'histoire des avant-dernières choses, Paris, Stock, coll Un ordre d'idée, 2005, p. 205 sq. 3 Hannah Arendt, La crise de la culture, Paris, Gallimard, coll Idées, 1972, préface. 4 François Hartog, Régimes d'historicité, présentisme et expériences du temps, Paris, Le Seuil, Coll la librairie du XXIe siècle, 2003.Lire moins >
Lire la suite >Un récit contemporain. À propos d'un roman de témoignage de la répression franquiste. Vox Poetica, décembre 2006, www.vox-poetica.org\/t\/rl\/michonneauRL.html Stéphane Michonneau Université de Poitiers François Bédarida considérait que l'historien était un « régisseur du temps », en tant qu'il participe à l'institution du temps social 1. En effet, la discipline historique trouve sa spécificité dans la considération du temps, généralement compris comme une réalité objective et extérieure à soi. Les faits historiques se présentent alors dans le cadre d'un passé-réceptacle abstrait, homogène et, pour ainsi dire, éternel : un temps sans mouvement 2. Mais en temps de crise, on assiste à une perte des repères temporels : Hannah Arendt parle de « brèche du temps » quand l'articulation du passé, du présent et du futur n'est plus évidente 3. Survient une crise de la représentation du temps comme succession inéluctable d'un passé (mort), d'un présent (actuel) et d'un futur (qui advient). Depuis les années 60, on assiste à une montée en puissance de la contemporanéité : le contemporain se fait de plus en plus impératif, selon François Hartog, et s'accompagne d'un usage de plus en plus important du passé à des fins présentes 4. Le terme juridique d'imprescriptibilité qui fut adopté en 1945 puis en 1964 en France traduit bien cette dissolution des frontières du temps : nous sommes à jamais contemporains des crimes du passé et les criminels sont par conséquent nos contemporains. Pour l'historien, ce bouleversement implique un renversement d'attitude : Michelet, l'historien prophète, annonçait un futur radieux ; l'âge positif mit entre parenthèse le présent pour se consacrer seulement au passé ; Aujourd'hui, le présent est 1 François Bedarida, " La dialectique passé\/présent et la pratique historienne " , L'histoire et le métier d'historien en France, 1945-1995, Paris, ed. Maison des Sciences de l'Homme, 1995, pp. 75-85. 2 Siefried Kracauer, L'histoire des avant-dernières choses, Paris, Stock, coll Un ordre d'idée, 2005, p. 205 sq. 3 Hannah Arendt, La crise de la culture, Paris, Gallimard, coll Idées, 1972, préface. 4 François Hartog, Régimes d'historicité, présentisme et expériences du temps, Paris, Le Seuil, Coll la librairie du XXIe siècle, 2003.Lire moins >
Langue :
Français
Audience :
Internationale
Vulgarisation :
Non
Établissement(s) :
CNRS
Université de Lille
Université de Lille
Date de dépôt :
2021-04-02T14:10:25Z