Traduire l'ironie pour le doublage : le ...
Type de document :
Communication dans un congrès avec actes
Titre :
Traduire l'ironie pour le doublage : le contrat de spectature au risque de l’implicite
Auteur(s) :
Brisset, Frédérique [Auteur]
Centre d'Études en Civilisations, Langues et Lettres Étrangères - ULR 4074 [CECILLE]

Centre d'Études en Civilisations, Langues et Lettres Étrangères - ULR 4074 [CECILLE]
Titre de la manifestation scientifique :
Autour des formes implicites
Organisateur(s) de la manifestation scientifique :
Centre de Recherches Sémiotiques Université Limoges
Ville :
Limoges
Pays :
France
Date de début de la manifestation scientifique :
2014-11-12
Mot(s)-clé(s) :
implicite
explicite
allusion
ironie
traduction audiovisuelle
Woody Allen
explicite
allusion
ironie
traduction audiovisuelle
Woody Allen
Discipline(s) HAL :
Sciences de l'Homme et Société/Linguistique
Résumé :
Là où le jeu de mots relève du trope, l’ironie serait à l’inverse une figure de pensée. On pourrait dès lors en conclure que sa traduction, n’impliquant pas d’enjeux purement linguistiques, en est facilitée. Or, dans la ...
Lire la suite >Là où le jeu de mots relève du trope, l’ironie serait à l’inverse une figure de pensée. On pourrait dès lors en conclure que sa traduction, n’impliquant pas d’enjeux purement linguistiques, en est facilitée. Or, dans la problématique de la traduction de l’Autre, le transfert de l’ironie s’avère entreprise fort délicate, car son fondement est celui d’une fausse naïveté. L’ironie joue sur l’altérité et pose ainsi, par essence, un problème de réception, puisqu’elle viole l’une des règles fondamentales de coopération conversationnelle définie par Grice, « la maxime de vérité » : elle ne peut fonctionner que si l’auditoire est doté de la capacité à appréhender le message antiphrastique qu’elle convoie. Quand la parole originale est porteuse d’ironie, elle implique une réception au second degré, et dans le transfert interlinguistique l’altérité du texte à traduire va s’en trouver inévitablement redoublée, car l’ironie ne saurait fonctionner sans l’allusion. L’art de l’allusion induit un respect certain du public, puisqu’il ne se peut comprendre que partagé, connivence intellectuelle impliquant dès lors un décodage de l’intention du locuteur-auteur. Ce type de relation sollicite tout particulièrement la coopérativité du destinataire, et l’ambiguïté foncière du processus postule la compétence interprétative du récepteur, intégrée dès son émission par l’émetteur.Le cinéaste Woody Allen est coutumier d’un type d’ironie bien spécifique, l’ironie intertextuelle. Cette figure crée une fracture entre les récepteurs, spectateurs naïfs qui verront le film au premier degré, sans y reconnaître les allusions et citations implicites, et public dit compétent qui l’appréciera dans toute sa richesse, en décodant ses divers niveaux de sens. Cette fracture sera dupliquée en traduction : sur le plan herméneutique, il faut en effet que le spectateur de la version française puisse « entendre » le sous-entendu, et c’est à l’adaptateur que revient cette responsabilité, dans le respect du contrat de spectature initial.Nous proposons d’étudier, par le biais de l’analyse contrastive d’exemples tirés de cinq films d’Allen dans leurs versions originales et leurs versions doublées en français, les enjeux que représente la traduction de l’ironie pour le doublage, principalement lorsqu’elle est basée sur l’allusion et l’understatement : ces différents niveaux d’appréhension du film représentent un véritable enjeu traductif pour les adaptateurs, en termes d’implicitation/ explicitation notamment, se combinant aux multiples contraintes portées par le « texte » plurisémiotique audiovisuel. La communication s’appuienotamment sur les théories de la réception et les concepts d’Auteur et Spectateur Modèles.Lire moins >
Lire la suite >Là où le jeu de mots relève du trope, l’ironie serait à l’inverse une figure de pensée. On pourrait dès lors en conclure que sa traduction, n’impliquant pas d’enjeux purement linguistiques, en est facilitée. Or, dans la problématique de la traduction de l’Autre, le transfert de l’ironie s’avère entreprise fort délicate, car son fondement est celui d’une fausse naïveté. L’ironie joue sur l’altérité et pose ainsi, par essence, un problème de réception, puisqu’elle viole l’une des règles fondamentales de coopération conversationnelle définie par Grice, « la maxime de vérité » : elle ne peut fonctionner que si l’auditoire est doté de la capacité à appréhender le message antiphrastique qu’elle convoie. Quand la parole originale est porteuse d’ironie, elle implique une réception au second degré, et dans le transfert interlinguistique l’altérité du texte à traduire va s’en trouver inévitablement redoublée, car l’ironie ne saurait fonctionner sans l’allusion. L’art de l’allusion induit un respect certain du public, puisqu’il ne se peut comprendre que partagé, connivence intellectuelle impliquant dès lors un décodage de l’intention du locuteur-auteur. Ce type de relation sollicite tout particulièrement la coopérativité du destinataire, et l’ambiguïté foncière du processus postule la compétence interprétative du récepteur, intégrée dès son émission par l’émetteur.Le cinéaste Woody Allen est coutumier d’un type d’ironie bien spécifique, l’ironie intertextuelle. Cette figure crée une fracture entre les récepteurs, spectateurs naïfs qui verront le film au premier degré, sans y reconnaître les allusions et citations implicites, et public dit compétent qui l’appréciera dans toute sa richesse, en décodant ses divers niveaux de sens. Cette fracture sera dupliquée en traduction : sur le plan herméneutique, il faut en effet que le spectateur de la version française puisse « entendre » le sous-entendu, et c’est à l’adaptateur que revient cette responsabilité, dans le respect du contrat de spectature initial.Nous proposons d’étudier, par le biais de l’analyse contrastive d’exemples tirés de cinq films d’Allen dans leurs versions originales et leurs versions doublées en français, les enjeux que représente la traduction de l’ironie pour le doublage, principalement lorsqu’elle est basée sur l’allusion et l’understatement : ces différents niveaux d’appréhension du film représentent un véritable enjeu traductif pour les adaptateurs, en termes d’implicitation/ explicitation notamment, se combinant aux multiples contraintes portées par le « texte » plurisémiotique audiovisuel. La communication s’appuienotamment sur les théories de la réception et les concepts d’Auteur et Spectateur Modèles.Lire moins >
Langue :
Français
Comité de lecture :
Oui
Audience :
Internationale
Vulgarisation :
Non
Source :