Pourquoi continuer à exercer un travail pénible et déconsidéré ? Le cas des travailleuses d’EHPAD

Abstract

Les emplois en Établissements d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes (EHPAD) conjuguent de nombreux facteurs qui leur sont défavorables : des conditions de travail pénibles physiquement et psychologiquement, des rémunérations souvent faibles, une image négative et un recours important aux contrats précaires. Si la majorité des travaux scientifiques sur le sujet étudient les difficultés de recrutement de certains métiers, cet article pose la question autrement : pourquoi les travailleurs relevant de différents groupes professionnels, acceptent-ils de travailler dans ce secteur et surtout pourquoi restent-ils ? S’appuyant sur des entretiens semi-directifs et des régressions logistiques qui mobilisent des données quantitatives issues d’un questionnaire ad hoc, l'étude met en lumière les effets de métier sur l'acceptabilité de ces emplois en identifiant trois logiques idéales-typiques : une logique de « gagne-pain » chez les agents de service, une logique relationnelle pour les aides-soignantes et une logique de reconnaissance typique des « faisant-fonction » d'aide-soignante. Ces différentes logiques s'expliquent par la structuration de l'espace des possibles selon les métiers, qui façonne à la fois les opportunités d'emploi et le sens que les travailleuses donnent à leur travail.