Ce que vous voyez n’est pas ce que vous ...
Document type :
Partie d'ouvrage: Chapitre
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Title :
Ce que vous voyez n’est pas ce que vous croyez : le cube de Cube (Vincenzo Natali, 1997)
Author(s) :
Scientific editor(s) :
Jibokji, Joséphine
Le Maître, Barbara
Martin, Jessie
Le Maître, Barbara
Martin, Jessie
Book title :
Damiers, grilles, cubes. De la théorie de l’art aux fictions du cinéma
Issue number :
Interférences
Pages :
127-140
Publisher :
Presses universitaires de Rennes (PUR)
Publication place :
Rennes
Publication date :
2023-09
ISBN :
978-2-7535-9319-0
ISSN :
0154-5604
HAL domain(s) :
Sciences de l'Homme et Société/Art et histoire de l'art
French abstract :
Le film Cube (1997) semble être entièrement résumé par son titre : des personnages doivent sortir d'un gigantesque Rubik's Cube dont on comprend dès les premières images que toutes les pièces sont identiques, hormis la ...
Show more >Le film Cube (1997) semble être entièrement résumé par son titre : des personnages doivent sortir d'un gigantesque Rubik's Cube dont on comprend dès les premières images que toutes les pièces sont identiques, hormis la couleur de leurs murs lumineux. Cube, dont le décor est résolument répétitif, montre des personnages plongés dans un état d’impuissance visuelle, puisque la prison dont ils doivent sortir est truffée de pièges invisibles. Ce film, dont le titre annonce une forme conceptuelle et idéale, porte un discours sur les insuffisances du regard strictement physiologique au profit d’un programme à élucider. Cube se présente comme un espace matérialiste qui n’est rien de plus que ce qu’il présente - il n’attend pas d’être complété par l’imagination. Selon la formule de Frank Stella devenue emblème de l’Art minimal, « What you see is what you see », ce qui est à voir est ce que vous voyez. Comme ces œuvres minimalistes, le Cube filmique ne semble pas exister en dehors de ce qu’il montre, il simule la stricte visualité de l’art minimal, prétendant que les discours (l’interprétation ou la spéculation) sont inaptes à le conclure : il n’y a rien à voir de plus que ce que vous voyez, comprenez : rien à interpréter ou rien à imaginer. Or, cette aridité visuelle du Cube associée au déni de l’explication fait partie des manigances de la fiction pour jouer avec son spectateur. Le cube de Natali est en effet aussi éloigné de la stricte visualité de l’art minimal qu’une œuvre que j’avais en tête en choisissant de travailler sur ce film : Die de Tony Smith (1962), un autre cube noir, mortifère, inexplicable.Show less >
Show more >Le film Cube (1997) semble être entièrement résumé par son titre : des personnages doivent sortir d'un gigantesque Rubik's Cube dont on comprend dès les premières images que toutes les pièces sont identiques, hormis la couleur de leurs murs lumineux. Cube, dont le décor est résolument répétitif, montre des personnages plongés dans un état d’impuissance visuelle, puisque la prison dont ils doivent sortir est truffée de pièges invisibles. Ce film, dont le titre annonce une forme conceptuelle et idéale, porte un discours sur les insuffisances du regard strictement physiologique au profit d’un programme à élucider. Cube se présente comme un espace matérialiste qui n’est rien de plus que ce qu’il présente - il n’attend pas d’être complété par l’imagination. Selon la formule de Frank Stella devenue emblème de l’Art minimal, « What you see is what you see », ce qui est à voir est ce que vous voyez. Comme ces œuvres minimalistes, le Cube filmique ne semble pas exister en dehors de ce qu’il montre, il simule la stricte visualité de l’art minimal, prétendant que les discours (l’interprétation ou la spéculation) sont inaptes à le conclure : il n’y a rien à voir de plus que ce que vous voyez, comprenez : rien à interpréter ou rien à imaginer. Or, cette aridité visuelle du Cube associée au déni de l’explication fait partie des manigances de la fiction pour jouer avec son spectateur. Le cube de Natali est en effet aussi éloigné de la stricte visualité de l’art minimal qu’une œuvre que j’avais en tête en choisissant de travailler sur ce film : Die de Tony Smith (1962), un autre cube noir, mortifère, inexplicable.Show less >
Language :
Français
Audience :
Internationale
Popular science :
Non
Administrative institution(s) :
Université de Lille
Collections :
Submission date :
2023-12-19T09:53:53Z
2024-02-17T14:36:49Z
2024-02-17T14:36:49Z
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