Symposium A2 - Évaluation des dispositifs d'éducation et de formation. Quels enjeux pour la recherche en sciences de l'éducation (M. Pagoni et A. Zaïd)Titre communication : comment les acteurs adaptent à leurs représentations le dispositif ?

Abstract

Dans le monde scolaire actuel en changement (Zaïd, 2019), les dispositifs éducatifs sont de plus en plus nombreux et se présentent comme des alternatives à la forme scolaire (Barrère, 2013). L’évaluation d’un dispositif éducatif ne peut se faire sans prendre en compte les acteurs, leur activité, leur rapport aux savoirs en jeu, les valeurs et les normes véhiculés. Ici nous nous focaliserons sur les activités des enseignants en analysant leurs représentations qui guident les conduites professionnelles avec la théorie des champs conceptuels de Vergnaud, 1990, 1994, 2011. Pour Pastré (2012), on peut distinguer deux types d’activités. La première, l’activité productive de l’enseignant, lui permet d’agir dans le cadre du dispositif et de transformer le réel (matériel, social ou symbolique). Cette transformation du réel, transforme également en retour l’enseignant, c’est l’activité constructive. Il s’agira donc de comprendre les différentes transformations que les enseignants opèrent dans les dispositifs selon les activités productives et constructives.Nous analyserons trois dispositifs (de leur émergence à leurs modalités d’adaptations successives durant deux ans). Le premier est la mise en place dans une école Freinet de la recherche documentaire en cycle 3 par trois enseignants (RD) ; le second un dispositif de création d’un outil numérique pour l’apprentissage de la pensée moral à l’école primaire appelé « les philoux » ; enfin un dispositif institutionnel mis en place dans les collèges en 2017 pour réduire les inégalités scolaires et participer à une meilleure réussite par « Devoirs Faits » (Défa). Au-delà des différences (pédagogie Freinet, outil numérique, institutionnel), le point commun est la collaboration entre les enseignants et les chercheurs (Morissette, Pagoni, Pépin, 2017). Poser le problème de l’évaluation de dispositif, c’est aussi se questionner sur le rôle du chercheur dans cette reconstruction de l’activité des enseignants.Les 3 collectifs d’acteurs ont les mêmes règles d’action pour installer le dispositif aux spécificités et aux besoins du terrain. Il s’agit identifier le moment qui peut convenir dans la temporalité de la classe et des emplois du temps, celui qui est le plus propice (et la durée de la RD, Philoux) ou le moins défavorable (Defa), le lieu pour mener à bien les tâches demandées. Ainsi, nous observons des tensions entre la mise en place du dispositif idéal et les principes de réalité. C’est la même chose avec les supports matériels nécessaires. Ces activités sont productives. Il y a bien une transformation du réel social (effet du collectif qui se crée), matériel (espace, temps, support), le réel symbolique s’ouvrant progressivement par des questionnements de nature pédagogiques et/ou didactique. C’est ensuite avec l’émergence des activités constructives que va prendre forme la prise de conscience des représentations et leur éventuel évolution souvent par l’intermédiaire des questions des chercheurs.