Des frontières sociales aux rapports sociaux ...
Document type :
Autre communication scientifique (congrès sans actes - poster - séminaire...): Communication dans un congrès avec actes
Permalink :
Title :
Des frontières sociales aux rapports sociaux imbriqués : la danse hip-hop autogérée entre résistance et reproduction
Author(s) :
Vanier De Saint Aunay, Damien [Auteur]
Centre de Recherche "Individus Epreuves Sociétés" - ULR 3589 [CeRIES]
Université de Lille
Sempé, Gaelle [Auteur]
Valeurs Innovations Politiques Socialisations & Sports [VIPS2]
Guerandel, Carine [Auteur]
Centre de Recherche "Individus Epreuves Sociétés" - ULR 3589 [CeRIES]
Centre de Recherche "Individus Epreuves Sociétés" - ULR 3589 [CeRIES]
Université de Lille
Sempé, Gaelle [Auteur]
Valeurs Innovations Politiques Socialisations & Sports [VIPS2]
Guerandel, Carine [Auteur]
Centre de Recherche "Individus Epreuves Sociétés" - ULR 3589 [CeRIES]
Conference title :
« INTERSECTIONS, CIRCULATIONS »
Conference organizers(s) :
Association Française de Sociologie (AFS) et RT24 "Genre, classe, race. Rapports sociaux et construction de l'altérité"
City :
Lyon (FR)
Country :
France
Start date of the conference :
2023-07-04
Keyword(s) :
danse hip-hop
corps
sport
genre
race
intersectionalité
corps
sport
genre
race
intersectionalité
French abstract :
Issue des quartiers populaires urbains, la danse hip-hop s’est construite comme une pratique de « jeunes hommes de cité », d’origines populaires et descendants de migrants (Bazin 2002) qui la mobilisent comme un support ...
Show more >Issue des quartiers populaires urbains, la danse hip-hop s’est construite comme une pratique de « jeunes hommes de cité », d’origines populaires et descendants de migrants (Bazin 2002) qui la mobilisent comme un support politique de contestation, voire d’« émancipation », face aux oppressions et discriminations produites par des frontières à la fois spatiales, sociales et raciales auxquelles ils sont confrontés (Milliot 1997; Jesu 2019).Contrairement à la majorité des travaux s’intéressant à la pratique institutionnalisée qui favorise la féminisation de cette danse (Faure, Garcia ; 2005), cette étude se donne pour objectif d’analyser les processus de socialisation (Darmon, 2010) à l’œuvre en danse hip-hop « libre » en se focalisant sur la manière dont cette pratique singulière contribue tantôt à (re)produire tantôt à subvertir les normes sociales dominantes et les frontières sociales et symboliques qu’elles induisent. En adoptant une perspective théorique articulant rapports sociaux de genre, de classe et de racisation (Pfefferkorn, 2011), cette contribution s’inscrit dans l’idée de penser « tant la pluralité des régimes de pouvoir que l’alchimie qui transforme, à plus ou moins long terme, cette domination pourtant intériorisée en pratiques de résistance » (Kergoat, 2009, p. 123).L’enquête qualitative in situ, menée en 2019 au cœur de deux rassemblements de danseur.euse.s en contexte autogéré dans une grande métropole française, mêle entretiens biographiques (n=6) et observations ethnographiques (pendant 6 mois). Cette approche ethnographique a soulevé un problème méthodologique majeur dans le contexte français universaliste : celui d’enquêter sur la construction sociale des frontières raciales alors que la dicibilité de la race est difficile et que les catégories racialisées ne sont ni institutionnalisées ni légitimes (Brun, 2021). Nous avons adopté la perspective constructiviste et antinaturaliste de Dunezat (2015) en confrontant des catégorisations faites à a priori par nous-mêmes à partir de marqueurs balisant les frontières de racisation, « qui font la race » (Guillaumin, 2002) en début d’enquête avec les catégorisations apparaissant après traitement des données ethnographiques. Nous avons alors pu constater que les assignations que nous avions faites au début correspondaient aux auto-assignations des enquêté.e.s.Les résultats révèlent toute la complexité des processus de socialisation pluriels (Lahire, 1998) et les effets ambivalents de la danse hip-hop libre. D’un côté, les pratiquant.e.s établissent une frontière entre un monde hip-hop qui serait accueillant et le reste de la société qui les discrimine. Ils et elles évoquent ainsi une face interne de cette frontière en des termes positifs : la danse hip-hop « quand tu es dedans tu te sens en sécurité » (Soidiki, garçon, 23 ans) et « quel que soit le cas, on accepte l’autre » (Moedi, garçon, 27 ans). Dans cette pratique de danse libre, où chacun apprend seul (autodidaxie) mais avec les autres (homodidaxie) contrairement aux formes plus institutionnalisées descendantes, les pratiquant.e.s résistent collectivement aux expériences quotidiennes du racisme et/ou du sexisme. Mais dans le même temps, la pratique, au travers des dispositions physiques et morales viriles qu’elle requiert et des interactions qu’elle induit, participe de manière paradoxale au processus d’étiquetage des danseur.euse.s conformément aux stéréotypes et contribue en conséquence au maintien des frontières sociales, de genre et de racisation, tant au niveau symbolique que matérielShow less >
Show more >Issue des quartiers populaires urbains, la danse hip-hop s’est construite comme une pratique de « jeunes hommes de cité », d’origines populaires et descendants de migrants (Bazin 2002) qui la mobilisent comme un support politique de contestation, voire d’« émancipation », face aux oppressions et discriminations produites par des frontières à la fois spatiales, sociales et raciales auxquelles ils sont confrontés (Milliot 1997; Jesu 2019).Contrairement à la majorité des travaux s’intéressant à la pratique institutionnalisée qui favorise la féminisation de cette danse (Faure, Garcia ; 2005), cette étude se donne pour objectif d’analyser les processus de socialisation (Darmon, 2010) à l’œuvre en danse hip-hop « libre » en se focalisant sur la manière dont cette pratique singulière contribue tantôt à (re)produire tantôt à subvertir les normes sociales dominantes et les frontières sociales et symboliques qu’elles induisent. En adoptant une perspective théorique articulant rapports sociaux de genre, de classe et de racisation (Pfefferkorn, 2011), cette contribution s’inscrit dans l’idée de penser « tant la pluralité des régimes de pouvoir que l’alchimie qui transforme, à plus ou moins long terme, cette domination pourtant intériorisée en pratiques de résistance » (Kergoat, 2009, p. 123).L’enquête qualitative in situ, menée en 2019 au cœur de deux rassemblements de danseur.euse.s en contexte autogéré dans une grande métropole française, mêle entretiens biographiques (n=6) et observations ethnographiques (pendant 6 mois). Cette approche ethnographique a soulevé un problème méthodologique majeur dans le contexte français universaliste : celui d’enquêter sur la construction sociale des frontières raciales alors que la dicibilité de la race est difficile et que les catégories racialisées ne sont ni institutionnalisées ni légitimes (Brun, 2021). Nous avons adopté la perspective constructiviste et antinaturaliste de Dunezat (2015) en confrontant des catégorisations faites à a priori par nous-mêmes à partir de marqueurs balisant les frontières de racisation, « qui font la race » (Guillaumin, 2002) en début d’enquête avec les catégorisations apparaissant après traitement des données ethnographiques. Nous avons alors pu constater que les assignations que nous avions faites au début correspondaient aux auto-assignations des enquêté.e.s.Les résultats révèlent toute la complexité des processus de socialisation pluriels (Lahire, 1998) et les effets ambivalents de la danse hip-hop libre. D’un côté, les pratiquant.e.s établissent une frontière entre un monde hip-hop qui serait accueillant et le reste de la société qui les discrimine. Ils et elles évoquent ainsi une face interne de cette frontière en des termes positifs : la danse hip-hop « quand tu es dedans tu te sens en sécurité » (Soidiki, garçon, 23 ans) et « quel que soit le cas, on accepte l’autre » (Moedi, garçon, 27 ans). Dans cette pratique de danse libre, où chacun apprend seul (autodidaxie) mais avec les autres (homodidaxie) contrairement aux formes plus institutionnalisées descendantes, les pratiquant.e.s résistent collectivement aux expériences quotidiennes du racisme et/ou du sexisme. Mais dans le même temps, la pratique, au travers des dispositions physiques et morales viriles qu’elle requiert et des interactions qu’elle induit, participe de manière paradoxale au processus d’étiquetage des danseur.euse.s conformément aux stéréotypes et contribue en conséquence au maintien des frontières sociales, de genre et de racisation, tant au niveau symbolique que matérielShow less >
Language :
Français
Peer reviewed article :
Oui
Audience :
Internationale
Popular science :
Non
Source :
Submission date :
2024-02-16T04:41:42Z