Passer pour des professionnels. Travail ...
Document type :
Autre communication scientifique (congrès sans actes - poster - séminaire...): Communication dans un congrès sans actes
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Title :
Passer pour des professionnels. Travail d’accompagnement et frontière du genre pour les étudiants hommes sages-femmes et assistants sociaux
Author(s) :
Olivier, Alice [Auteur]
Centre Lillois d’Études et de Recherches Sociologiques et Économiques - UMR 8019 [CLERSÉ]
Centre Lillois d’Études et de Recherches Sociologiques et Économiques - UMR 8019 [CLERSÉ]
Conference title :
17èmes Journées Internationales de Sociologie du Travail
City :
Lausanne [en ligne]
Country :
Suisse
Start date of the conference :
2021-11
HAL domain(s) :
Sciences de l'Homme et Société/Sociologie
French abstract :
Les professions de sage-femme et d’assistant·e social·e accordent une place centrale au travail d’accompagnement. Pour exercer, il faut alors être identifié·e comme un·e professionnel·le légitime par les patientes et ...
Show more >Les professions de sage-femme et d’assistant·e social·e accordent une place centrale au travail d’accompagnement. Pour exercer, il faut alors être identifié·e comme un·e professionnel·le légitime par les patientes et usager·e·s : c’est une condition pour instaurer un lien de confiance. Pour les étudiant·e·s encore en formation, l’enjeu est redoublé. Ne pouvant mettre en avant leur expérience ou leur diplôme, elles/ils doivent malgré tout être considéré·e·s lors des stages comme détenteurs/trices des savoirs et savoir-faire professionnels. En mobilisant une conception élargie de la notion de passing (Bosa, Pagis et Trépied, 2019), on peut en fait dire qu’elles/ils doivent passer pour des professionnel·le·s (Boni-Le Goff, 2015). Autrement dit, elles/ils doivent déployer des efforts, conscients ou non, pour bénéficier d’une ascription à une catégorie professionnelle à laquelle elles/ils pourraient ne pas être assigné·e·s (Garfinkel, 1967). Si tou·te·s les étudiant·e·s sont concerné·e·s par un tel travail de passing, il s’exprime sous des modalités spécifiques pour les hommes. Alors que leur appartenance de sexe ne correspond ni à la réalité démographique, ni à la construction sociale de ces professions « féminines », comment passent-ils pour des sages-femmes ou des assistants sociaux ? Cette communication étudie cette question à partir de 420 heures d’observation en formation (cours, stage, sociabilité…) et d’entretiens avec 58 étudiants et 35 enseignant·e·s et professionnel·le·s. Elle montre que le passing professionnel des étudiants est parfois mis à mal du fait de leur appartenance de sexe. Ils développent alors des stratégies consistant à modeler la frontière du genre pour passer malgré tout : ils travaillent leur présentation de soi, mettant en avant d’autres principes de catégorisation que le sexe et/ou adoptant des postures et attitudes dites « féminines ». Ces stratégies s’expriment différemment d’un étudiant à l’autre. Apprendre à passer est un processus situé qui s’inscrit sur le temps long de la formation et, surtout, qui dépend des dispositions de classe et de genre des étudiants. En adoptant une grille de lecture en termes de rapports de pouvoir, cette communication alimente ainsi une réflexion sur le passing professionnel à partir d’un cas peu étudié où l’enjeu porte sur des dominants (Beydoun et Wilson, 2017). Pour eux, le travail corporel, postural et vocal du passing, mais aussi les rétributions et sanctions matérielles et symboliques dont il est vecteur, prennent des formes particulières, qui renvoient à leur position privilégiée dans l’ordre du genre. La présentation éclaire aussi l’articulation entre catégorisations sexuées et professionnelles, contribuant ainsi à l’examen sociologique des frontières du genre et des professions, de leurs intersections et de leurs (ponctuelles) variations.Show less >
Show more >Les professions de sage-femme et d’assistant·e social·e accordent une place centrale au travail d’accompagnement. Pour exercer, il faut alors être identifié·e comme un·e professionnel·le légitime par les patientes et usager·e·s : c’est une condition pour instaurer un lien de confiance. Pour les étudiant·e·s encore en formation, l’enjeu est redoublé. Ne pouvant mettre en avant leur expérience ou leur diplôme, elles/ils doivent malgré tout être considéré·e·s lors des stages comme détenteurs/trices des savoirs et savoir-faire professionnels. En mobilisant une conception élargie de la notion de passing (Bosa, Pagis et Trépied, 2019), on peut en fait dire qu’elles/ils doivent passer pour des professionnel·le·s (Boni-Le Goff, 2015). Autrement dit, elles/ils doivent déployer des efforts, conscients ou non, pour bénéficier d’une ascription à une catégorie professionnelle à laquelle elles/ils pourraient ne pas être assigné·e·s (Garfinkel, 1967). Si tou·te·s les étudiant·e·s sont concerné·e·s par un tel travail de passing, il s’exprime sous des modalités spécifiques pour les hommes. Alors que leur appartenance de sexe ne correspond ni à la réalité démographique, ni à la construction sociale de ces professions « féminines », comment passent-ils pour des sages-femmes ou des assistants sociaux ? Cette communication étudie cette question à partir de 420 heures d’observation en formation (cours, stage, sociabilité…) et d’entretiens avec 58 étudiants et 35 enseignant·e·s et professionnel·le·s. Elle montre que le passing professionnel des étudiants est parfois mis à mal du fait de leur appartenance de sexe. Ils développent alors des stratégies consistant à modeler la frontière du genre pour passer malgré tout : ils travaillent leur présentation de soi, mettant en avant d’autres principes de catégorisation que le sexe et/ou adoptant des postures et attitudes dites « féminines ». Ces stratégies s’expriment différemment d’un étudiant à l’autre. Apprendre à passer est un processus situé qui s’inscrit sur le temps long de la formation et, surtout, qui dépend des dispositions de classe et de genre des étudiants. En adoptant une grille de lecture en termes de rapports de pouvoir, cette communication alimente ainsi une réflexion sur le passing professionnel à partir d’un cas peu étudié où l’enjeu porte sur des dominants (Beydoun et Wilson, 2017). Pour eux, le travail corporel, postural et vocal du passing, mais aussi les rétributions et sanctions matérielles et symboliques dont il est vecteur, prennent des formes particulières, qui renvoient à leur position privilégiée dans l’ordre du genre. La présentation éclaire aussi l’articulation entre catégorisations sexuées et professionnelles, contribuant ainsi à l’examen sociologique des frontières du genre et des professions, de leurs intersections et de leurs (ponctuelles) variations.Show less >
Language :
Français
Peer reviewed article :
Non
Audience :
Non spécifiée
Administrative institution(s) :
Université de Lille
CNRS
Univ. Littoral Côte d’Opale
CNRS
Univ. Littoral Côte d’Opale
Collections :
Research team(s) :
Mondes du travail et mondes privés
Submission date :
2020-06-26T14:44:31Z
2020-09-18T05:32:56Z
2021-11-19T09:19:59Z
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