Comment on écrit l’histoire (des médias) ...
Type de document :
Partie d'ouvrage: Chapitre
URL permanente :
Titre :
Comment on écrit l’histoire (des médias) ? Conjectures sur l’impact des conjonctures politiques
Auteur(s) :
Kaciaf, Nicolas [Auteur]
Centre d'Etudes et de Recherches Administratives, Politiques et Sociales - UMR 8026 [CERAPS]
Centre d'Etudes et de Recherches Administratives, Politiques et Sociales - UMR 8026 [CERAPS]
Éditeur(s) ou directeur(s) scientifique(s) :
Aldrin, Philippe
Titre de l’ouvrage :
Politiques de l’alternance. Sociologie des changements (de) politiques
Pagination :
261-285
Éditeur :
Le Croquant
Lieu de publication :
Vulaines-sur-Seine
Date de publication :
2016
Discipline(s) HAL :
Sciences de l'Homme et Société/Science politique
Résumé :
Cet article interroge l’impact de l’alternance de 1981 sur le journalisme politique français, sa structuration, ses normes d’activité, ses manières de rendre compte des luttes politiques et de se positionner à leur égard. ...
Lire la suite >Cet article interroge l’impact de l’alternance de 1981 sur le journalisme politique français, sa structuration, ses normes d’activité, ses manières de rendre compte des luttes politiques et de se positionner à leur égard. Dans quelle mesure l’arrivée d’une nouvelle coalition à la tête de l’État a-t-elle pu contribuer à bousculer les entreprises médiatiques et leur environnement économique, redessiner les liens qu’entretiennent les professionnels de l’information avec les acteurs du champ politique et faire évoluer les constructions journalistiques de l’actualité politique ? Ce questionnement peut paraître exagérément vaste. S’il ne réduit pas a priori les effets de l’alternance aux seules réformes mises en œuvre par les nouveaux gouvernants, il est cependant à la hauteur des ambitions affichées par Mitterrand et son équipe. Dans un contexte de quasi-monopole d’État sur la diffusion audiovisuelle, trois des 110 propositions du candidat socialiste en appellent à une redéfinition des rapports entre médias et pouvoir politique . Et de fait, l’élection de 1981 précède une décennie de transformations de l’univers médiatique. Le pluriel est de rigueur tant celles-ci sont variées, de la « libéralisation » de l’audiovisuel à la « neutralisation » tendancielle de la presse écrite . Pourtant, très peu de travaux érigent l’alternance de 1981 en charnière dans l’histoire des médias français. Ce constat invite à questionner les logiques de périodisation que les spécialistes des médias entretiennent, selon leurs terrains et leur ancrage disciplinaire. Il incite surtout à s’emparer de cette séquence pour renverser les termes d’une problématique récurrente en science politique. Tandis que de nombreuses recherches interrogent les effets des transformations médiatiques sur les activités politiques (Champagne, 1990 ; Neveu, 2000 ; Derville, 2005 ; Nollet, 2010), nous souhaitons au contraire nous demander par quels mécanismes des reconfigurations politiques telles qu’une alternance sont susceptibles d’affecter la structuration de l’espace journalistique et les pratiques de ses agents. Un tel questionnement suppose d’abord de s’arrêter sur la multiplicité des manières de construire l’objet « alternance de 1981 ». Ce détour théorique permettra ensuite d’explorer empiriquement l’hypothèse d’un impact de l’alternance sur l’espace des possibles rédactionnels dans les pages Politique d’un segment médiatique spécifique : la presse écrite nationale, quotidienne et hebdomadaire . Tandis que différents indices donnent à voir un processus d’atténuation des soutiens partisans au cours des années 1980, et alors que les rédacteurs interprètent rétrospectivement cette distanciation à l’aune de l’entrée dans une conjoncture politique nouvelle, nous soulignerons que ces changements politiques et journalistiques ne peuvent être mécaniquement corrélés. Si l’alternance a produit des effets sur les logiques de positionnement des rédactions, c’est parce qu’elle intervient dans un contexte de renouvellement du personnel journalistique et de bouleversement de l’environnement économique des entreprises de presse. In fine, on verra que l’alternance – ou plutôt les alternances qui se succèdent à partir de 1981 – s’apparente avant tout à un processus de « mise en symétrie » de l’espace politique. En plaçant « gauche » et « droite » face aux mêmes contraintes de gestion du pays, en déliant l’association entre « gauche » et « opposition », en amenant les rédactions à repenser leurs orientations rédactionnelles, le changement de majorité gouvernementale apparaît comme une séquence précieuse pour analyser la diversité des rationalités qui conduisent un journal à se positionner (ou non) sur l’échiquier partisan.Lire moins >
Lire la suite >Cet article interroge l’impact de l’alternance de 1981 sur le journalisme politique français, sa structuration, ses normes d’activité, ses manières de rendre compte des luttes politiques et de se positionner à leur égard. Dans quelle mesure l’arrivée d’une nouvelle coalition à la tête de l’État a-t-elle pu contribuer à bousculer les entreprises médiatiques et leur environnement économique, redessiner les liens qu’entretiennent les professionnels de l’information avec les acteurs du champ politique et faire évoluer les constructions journalistiques de l’actualité politique ? Ce questionnement peut paraître exagérément vaste. S’il ne réduit pas a priori les effets de l’alternance aux seules réformes mises en œuvre par les nouveaux gouvernants, il est cependant à la hauteur des ambitions affichées par Mitterrand et son équipe. Dans un contexte de quasi-monopole d’État sur la diffusion audiovisuelle, trois des 110 propositions du candidat socialiste en appellent à une redéfinition des rapports entre médias et pouvoir politique . Et de fait, l’élection de 1981 précède une décennie de transformations de l’univers médiatique. Le pluriel est de rigueur tant celles-ci sont variées, de la « libéralisation » de l’audiovisuel à la « neutralisation » tendancielle de la presse écrite . Pourtant, très peu de travaux érigent l’alternance de 1981 en charnière dans l’histoire des médias français. Ce constat invite à questionner les logiques de périodisation que les spécialistes des médias entretiennent, selon leurs terrains et leur ancrage disciplinaire. Il incite surtout à s’emparer de cette séquence pour renverser les termes d’une problématique récurrente en science politique. Tandis que de nombreuses recherches interrogent les effets des transformations médiatiques sur les activités politiques (Champagne, 1990 ; Neveu, 2000 ; Derville, 2005 ; Nollet, 2010), nous souhaitons au contraire nous demander par quels mécanismes des reconfigurations politiques telles qu’une alternance sont susceptibles d’affecter la structuration de l’espace journalistique et les pratiques de ses agents. Un tel questionnement suppose d’abord de s’arrêter sur la multiplicité des manières de construire l’objet « alternance de 1981 ». Ce détour théorique permettra ensuite d’explorer empiriquement l’hypothèse d’un impact de l’alternance sur l’espace des possibles rédactionnels dans les pages Politique d’un segment médiatique spécifique : la presse écrite nationale, quotidienne et hebdomadaire . Tandis que différents indices donnent à voir un processus d’atténuation des soutiens partisans au cours des années 1980, et alors que les rédacteurs interprètent rétrospectivement cette distanciation à l’aune de l’entrée dans une conjoncture politique nouvelle, nous soulignerons que ces changements politiques et journalistiques ne peuvent être mécaniquement corrélés. Si l’alternance a produit des effets sur les logiques de positionnement des rédactions, c’est parce qu’elle intervient dans un contexte de renouvellement du personnel journalistique et de bouleversement de l’environnement économique des entreprises de presse. In fine, on verra que l’alternance – ou plutôt les alternances qui se succèdent à partir de 1981 – s’apparente avant tout à un processus de « mise en symétrie » de l’espace politique. En plaçant « gauche » et « droite » face aux mêmes contraintes de gestion du pays, en déliant l’association entre « gauche » et « opposition », en amenant les rédactions à repenser leurs orientations rédactionnelles, le changement de majorité gouvernementale apparaît comme une séquence précieuse pour analyser la diversité des rationalités qui conduisent un journal à se positionner (ou non) sur l’échiquier partisan.Lire moins >
Langue :
Français
Audience :
Internationale
Vulgarisation :
Non
Établissement(s) :
CNRS
Université de Lille
Université de Lille
Collections :
Date de dépôt :
2019-10-23T11:58:11Z
2019-10-29T13:38:23Z
2022-01-03T13:54:11Z
2019-10-29T13:38:23Z
2022-01-03T13:54:11Z
Fichiers
- document
- Accès libre
- Accéder au document