L'entre-deux identitaire de la communication ...
Type de document :
Partie d'ouvrage: Chapitre
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Titre :
L'entre-deux identitaire de la communication interne. Les logiques d'engagement et de distanciation à une spécialité professionnelle
Auteur(s) :
Kaciaf, Nicolas [Auteur]
Centre d'Études et de Recherches Administratives, Politiques et Sociales (CERAPS) - UMR 8026
Centre d'Études et de Recherches Administratives, Politiques et Sociales (CERAPS) - UMR 8026
Titre de l’ouvrage :
Communication interne et changement
Pagination :
p. 33-54
Éditeur :
L'Harmattan / Pepper
Lieu de publication :
Paris
Date de publication :
2011-03-28
ISBN :
2296545009
Mot(s)-clé(s) :
Communication interne
Sociologie des groupes professionnels
Professionnalisation
Identités professionnelles
Sociologie des groupes professionnels
Professionnalisation
Identités professionnelles
Discipline(s) HAL :
Sciences de l'Homme et Société/Sciences de l'information et de la communication
Résumé :
Cet article repose sur une interrogation centrale : la communication interne s’est-elle autonomisée et institutionnalisée au point d’être reconnue par ses praticiens comme un métier singulier, au fondement de leur identité ...
Lire la suite >Cet article repose sur une interrogation centrale : la communication interne s’est-elle autonomisée et institutionnalisée au point d’être reconnue par ses praticiens comme un métier singulier, au fondement de leur identité au travail ? Deux étonnements suscités par la lecture de différents manuels professionnels justifient une telle interrogation. D’une part, ces ouvrages demeurent marqués par un effort de légitimation de la fonction, donnant ainsi le sentiment que sa présence et son utilité n’irait pas encore de soi. D’autre part, ces mêmes textes proposent des définitions plurielles de la communication interne et de ses finalités. Le sentiment d’hétérogénéité est renforcé par la pluralité des rattachements hiérarchiques. Tiraillés entre la communication et les ressources humaines, les membres des services de communication interne ne peuvent évidemment déterminer seuls leurs prérogatives. Au-delà des efforts d’institutionnalisation et de légitimation entrepris depuis plus de vingt ans par les associations et les porte-parole de la fonction, c’est bien au sein des organisations de travail et au cœur des interactions entre leurs agents que se construisent le « territoire » (Abbot) et le « mandat » (Hugues) de la communication interne. L’enjeu est de comprendre ce que peut signifier « communiquer en interne » pour ceux qui ont la charge d’une telle attribution. S’agit-il donc de « communicants » comme les autres ? Le fait de travailler sur et pour cette population spécifique que sont les salariés nécessite-t-il des compétences et des valeurs spécifiques et partagées ? Toute investigation sur les identités professionnelles suppose d’articuler l’étude des représentations subjectives à l’observation des dispositifs institutionnels et cognitifs qui contribuent à objectiver le métier auprès de ses membres et de ses publics extérieurs. C’est pourquoi cette enquête s’appuie sur un double terrain empirique. Elle repose à la fois sur la réalisation d’entretiens auprès de membres de l’Association française de communication interne, et sur le recueil de différentes sources documentaires produites à des fins de légitimation de ce « segment » et de définition de son territoire. Cette enquête permet de montrer que les praticiens de la communication interne se trouvent placés dans une situation d’« entre-deux » identitaire : soucieux de bénéficier d’une reconnaissance de leur expertise et de leur « valeur ajoutée » au sein de leurs organisations respectives, ils s’efforcent cependant d’élargir leur espace d’identification et de ne pas réduire leur appartenance à la seule communication interne. Cette ambivalence peut être mise en évidence si l’on admet le caractère dual des mécanismes identitaires. Claude Dubar rappelle en effet que les identités professionnelles se construisent dans l’articulation entre des processus biographiques et relationnels qui dessinent respectivement les identités pour soi et pour autrui. D’un côté, positionnés sur un poste faiblement institutionnalisé et peu « rentable » en termes d’ascension professionnelle, les praticiens de la communication interne minimisent les spécificités d’une activité à laquelle ils disent avoir accédé « par hasard ». D’un autre côté, inscrits dans des jeux relationnels qui encadrent leurs prérogatives et leur capacité d’action, les communicants internes doivent au quotidien défendre leurs positions et entreprendre des stratégies de légitimation propres à leur fonction. La professionnalisation de la communication interne et la production du groupe semble donc davantage résulter d’une dynamique d’ouverture que de clôture, d’indifférenciation que d’autonomisation : nourrie par les échanges et les conflits au sein de l’association, l’identité professionnelle de ses membres se structure dans la production de « modèles professionnels » qui valorisent une conception extensive de la communication plus qu’un affichage des singularités de « l’interne ».Lire moins >
Lire la suite >Cet article repose sur une interrogation centrale : la communication interne s’est-elle autonomisée et institutionnalisée au point d’être reconnue par ses praticiens comme un métier singulier, au fondement de leur identité au travail ? Deux étonnements suscités par la lecture de différents manuels professionnels justifient une telle interrogation. D’une part, ces ouvrages demeurent marqués par un effort de légitimation de la fonction, donnant ainsi le sentiment que sa présence et son utilité n’irait pas encore de soi. D’autre part, ces mêmes textes proposent des définitions plurielles de la communication interne et de ses finalités. Le sentiment d’hétérogénéité est renforcé par la pluralité des rattachements hiérarchiques. Tiraillés entre la communication et les ressources humaines, les membres des services de communication interne ne peuvent évidemment déterminer seuls leurs prérogatives. Au-delà des efforts d’institutionnalisation et de légitimation entrepris depuis plus de vingt ans par les associations et les porte-parole de la fonction, c’est bien au sein des organisations de travail et au cœur des interactions entre leurs agents que se construisent le « territoire » (Abbot) et le « mandat » (Hugues) de la communication interne. L’enjeu est de comprendre ce que peut signifier « communiquer en interne » pour ceux qui ont la charge d’une telle attribution. S’agit-il donc de « communicants » comme les autres ? Le fait de travailler sur et pour cette population spécifique que sont les salariés nécessite-t-il des compétences et des valeurs spécifiques et partagées ? Toute investigation sur les identités professionnelles suppose d’articuler l’étude des représentations subjectives à l’observation des dispositifs institutionnels et cognitifs qui contribuent à objectiver le métier auprès de ses membres et de ses publics extérieurs. C’est pourquoi cette enquête s’appuie sur un double terrain empirique. Elle repose à la fois sur la réalisation d’entretiens auprès de membres de l’Association française de communication interne, et sur le recueil de différentes sources documentaires produites à des fins de légitimation de ce « segment » et de définition de son territoire. Cette enquête permet de montrer que les praticiens de la communication interne se trouvent placés dans une situation d’« entre-deux » identitaire : soucieux de bénéficier d’une reconnaissance de leur expertise et de leur « valeur ajoutée » au sein de leurs organisations respectives, ils s’efforcent cependant d’élargir leur espace d’identification et de ne pas réduire leur appartenance à la seule communication interne. Cette ambivalence peut être mise en évidence si l’on admet le caractère dual des mécanismes identitaires. Claude Dubar rappelle en effet que les identités professionnelles se construisent dans l’articulation entre des processus biographiques et relationnels qui dessinent respectivement les identités pour soi et pour autrui. D’un côté, positionnés sur un poste faiblement institutionnalisé et peu « rentable » en termes d’ascension professionnelle, les praticiens de la communication interne minimisent les spécificités d’une activité à laquelle ils disent avoir accédé « par hasard ». D’un autre côté, inscrits dans des jeux relationnels qui encadrent leurs prérogatives et leur capacité d’action, les communicants internes doivent au quotidien défendre leurs positions et entreprendre des stratégies de légitimation propres à leur fonction. La professionnalisation de la communication interne et la production du groupe semble donc davantage résulter d’une dynamique d’ouverture que de clôture, d’indifférenciation que d’autonomisation : nourrie par les échanges et les conflits au sein de l’association, l’identité professionnelle de ses membres se structure dans la production de « modèles professionnels » qui valorisent une conception extensive de la communication plus qu’un affichage des singularités de « l’interne ».Lire moins >
Langue :
Français
Audience :
Internationale
Vulgarisation :
Non
Établissement(s) :
CNRS
Université de Lille
Université de Lille
Collections :
Date de dépôt :
2019-10-29T11:37:59Z
2019-10-29T13:26:56Z
2021-12-17T16:08:42Z
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