Travailler sur l’éco-citoyenneté : le chercheur artisan de la norme malgré lui ? (atelier)

Abstract

Les discours politico-médiatiques contemporains concourent à la production de normes quant aux comportements à tenir vis-à-vis de la transition écologique. Cet ensemble de prescriptions - désigné dans la littérature française sous le terme « d’éco-citoyenneté » (Grossetête, 2019 ; Ginsburger, 2020 ; Coulangeon et al., 2023) et dans la littérature anglophone sous celui « d’eco-habitus » (Kasper, 2009 ; Carfagna et al., 2014 ; Kennedy et Givens, 2019) - se transmet au travers de campagnes de sensibilisation, de programmes éducatifs et au travers des médias. Des injonctions à la transition écologique se répandent ainsi et véhiculent ces nouvelles normes au sein des discours et politiques publiques, mais aussi scientifiques.De récents travaux montrent que ces discours, largement relayés politiquement et médiatiquement, se trouvent ancrés dans les modes de vie des franges les mieux dotées économiquement et culturellement (Comby 2015, 2024 ; Grossetête, 2019). Ainsi, une conception de l’écologie socialement située dans les catégories supérieures tend à être perçue comme distinctive et hégémonique (Mangin, Roy, 2023), ce qui n’est pas sans produire d’effets de moralisation envers ceux qui s’en trouvent éloignées, et qu’il s’agirait dès lors de « verdir » (Malier, 2019). Les orientations politiques et discours injonctifs visant à « convertir » le plus grand nombre à de nouvelles pratiques présentées comme plus vertueuses fleurissent.Cet atelier propose un espace de réflexivité et de discussion collective sur le travail scientifique ayant trait à la norme d’éco-citoyenneté dans le monde de la recherche. À la manière d’un focus group conduit par deux animateurs (Gaëtan Mangin et Sophie Thiron), il est constitué, d’abord, d’une introduction visant à présenter les participants et à énoncer le déroulement de l’atelier. Il se poursuit ensuite au travers d'une discussion collective permettant de discuter du vécu du chercheur.e et des enjeux de posture dans la recherche, avant d'ouvrir sur un exercice d'auto-analyse individuelle. Il s’achèvera enfin sur une conclusion présentant quelques références théoriques et premières pistes de réflexion aux participants. L’objectif est de discuter des mutations à l’œuvre dans l’exercice du métier de chercheur.e.s induites par la diffusion de normes « d’éco-citoyenneté » dans le milieu de la recherche. Comment la diffusion de cette norme vient-elle à la fois bousculer le vécu et les routines des chercheur.e.s, et dans le même temps, comment ces dernier.e.s, par leurs recherches et leurs postures, participent-ils eux-mêmes à fabriquer et diffuser cette norme ?